Je marche d’un bon pas. La constance du paysage fait que je m’abandonne rapidement en mode automatique donnant la main à l’introspection. À contrario, je suis particulièrement éveillé dès que surgit un événement brisant cette monotonie : des poissons placés pour sécher au bord de la route, des motards qui s’arrêtent spécialement pour me saluer et me faire Osettaï… Vers midi j’atteins un petit cap très caractéristique car la pointe a l’air d’avoir été tronçonnée en morceaux avant de plonger dans la mer. C’est un lieu apprécié par les visiteurs pour une petite halte. L’esprit Shintoïste est mis en évidence par une corde à nœuds placée entre 2 blocs de rochers. C’est vrai qu’on ressent que l’endroit à quelque chose de spécial. Je décide d’une pause et déballe religieusement le repas offert par l’ange du matin. C’est très bon ! Les boulettes de riz fourrées de viande sont encore tièdes… journal pèlerinage Shikoku Murato
La journée se poursuit tranquillement sur le même rythme. Je traverse encore des petits ports de pêche. Il semble qu’aucun bateau ne soit sorti en mer. Les seules personnes que je rencontre sont celles qui réparent les immenses filets de pêche. Tant les rues des villages, les quais et les temples sont désert. Même les voitures se font rare. journal pèlerinage Shikoku Murato
La marche est particulièrement facile : c’est tout plat. Les heures et les kilomètres se suivent jusqu’à atteindre une statue géante et immaculée de Kukai, Nehan-zo, avec son bâton mais sans chapeau pointu. Il me fait plus penser à un guetteur Massaï muni d’une lance qu’à un pèlerin… Sauf que les Massaï sont vivants et vêtus de grands pagnes rouge !!
A proximité se trouve un petit temple Shinto, Mikurodo, placé au fond d’une petite grotte située au pied de la montagne. Kukai. âgé de 19 ans , soit longtemps avant son voyage en Chine, y aurait fait une retraite en ascète plongé dans la contemplation du ciel (KU) et de la mer (KAI). Il y aurait vécu l’illumination. Plus tard il décrira que cet état avait été provoquée par une étoile étincelante qui se serait détachée du ciel pour voler et s’introduire dans sa bouche… journal pèlerinage Shikoku Murato
Personnellement, je profite de la fraicheur de ce petit temple. C’est vrai qu’assis sur une des marches de l’autel, faisant face à l’entrée de la grotte, la luminosité est particulièrement aveuglante. Je n’ai pas la sensation de vivre l’illumination mais bien une pause idéale avant l’ascension finale des 165m menant au phare du cap Murato et au…
Temple 24 : Hotsumisakiji
Il est 16h30 lorsque je passe le porche d’entrée du temple. Je me lave les mains et la bouche et me dirige tout de suite à l’office pour faire faire la calligraphie et apposer les tampons sur mon Nokyocho. Le moine est particulièrement désagréable. Il n’accepte pas de m’aider à téléphoner pour trouver un logement pour la nuit. C est la première fois que j’accuse un refus de la sorte, à la limite de l’agressivité. Dépité, je flâne dans l’enceinte du temple en appréciant la luminosité du jour déclinant. Je pousse ma visite jusqu’au phare qui offre une belle vue sur l’océan. Au retour, je tombe sur Sandrine qui arrive tout juste. Je lui explique la situation. Ensemble nous rejoignons le temple qui est sur le point de fermer. On s’aperçoit qu’à l’instar du temple 6, du fait de sa situation au bout du cap Murato, ce temple est particulièrement fréquenté. C’est un Shukubo. C’est à dire qu’il offre la possibilité de logement à des groupes dans une grande annexe qui lui est associée. A l’accueil, il y a plusieurs femmes âgées. Nous leur expliquons, via l’application de traduction de mon téléphone portable que mous cherchons un hébergement pour la nuit. Elles nous répondent que c’est complet mais voyant notre air dépité, l’une d’entre elle décroche le téléphone et après une brève discussion nous dit que le Minshuku Muroto-so, situé à l’extrémité du cap, au pied de la montagne, accepte de nous accueillir en demi-pension pour 4000 yens par personne. Nous nous empressons d’accepter. Cette prévenante dame nous propose également de nous y conduire en auto puisque c’est la fin de sa journée de travail et qu’elle s’apprête à rentrer chez elle. Bien entendu nous acceptons. Près de 35km de marche aujourd’hui ! Quand bien même ils ont été facile, c’est bien suffisant ! C’est la première fois que je monte en auto depuis mon arrivée au Japon. La voiture est minuscule. Nos énormes sac-à-dos prennent toute la place. La route descend en lacet jusqu’au niveau de la mer offrant à chaque virage de magnifiques panoramas. Le minshuku est une vraie pension de famille. L’accueil y est très chaleureux. A peine ma chambre attribuée je commande une bière bien fraîche que je déguste en regardant la télévision dans la salle commune. Comme le repas du soir va bientôt être servi mon hôtesse me demande d’aller au bain avant de passer à table. Le souper est excellent, la soirée est très agréable. Après quelques bières, je vais me coucher et m’endors vite du sommeil du juste… journal pèlerinage Shikoku Murato
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