Journal pèlerinage Shikoku

Jour 14 : Kongochoji

Jeudi 26 septembre 2019

Temples visités : 25, 26

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Il est très tôt. Je décide de sortir faire un tour pour regarder le lever de soleil à la pointe du cap Murato. Malheureusement il est caché par une masse nuageuse. A part la statue d’un samouraï, le cap n’offre rien de vraiment excitant à mon gout alors je vais me consacrer au plateau de mon petit-déjeuner…

En réalité le Cap Murato est classé au patrimoine de l’UNESCO. C’est un lieu très spécial régulièrement sujet aux typhons et aux tremblements de terre. Le choc des plaques tectoniques le soulève de 1 à 2 mètre tous les 1000 ans soit un des taux de soulèvement les plus élevés au monde. “Muro” signifie « une grotte résidentielle sur le versant d’une montagne » et “to” signifie « entrée de la maison » ou « porte ». Dans les temps anciens, Muroto était sous la mer. Les grottes se sont formées sous l’eau et ont ensuite été soulevées par des tremblements de terre successifs. C’est dans l’une de ces cavités naturelles que Kukaï a fait sa retraite et vécu son illumination.

Pour en savoir plus vous pouvez aller voir ici ou … Mais c’est en anglais. Journal pèlerinage Shikoku Kongochoji

Sandrine est déjà installée à la table du petit déjeuner. Après avoir compulsé le site https://henrohouse.jp/en sur mon smartphone, nous décidons d’un commun accord de réserver 2 places à la henro house Misono qui se situe à une trentaine de km. Chacun de nous à envie de marcher seul aujourd’hui alors on se retrouvera là-bas…

Après la routine matinale, le sac chargé sur le dos, je reprends la route. Il fait beau. L’air marin est frais. Je ne mets pas longtemps à me réchauffer. Les douleurs musculaires disparaissent chaque jour plus rapidement. Mon corps répond bien aux fortes sollicitations auxquelles je le soumets. Je me sens bien, en pleine forme. J’avais peur pour mes pieds mais tout va pour le mieux de ce coté là : aucune douleur, pas l’ombre d’une ampoule à l’horizon ! J’ai le sentiment de prendre mon rythme de croisière. Je viens de dépasser le cap des 300km depuis le départ. Il ne m’en reste qu’un peu plus de 1000 à faire… Mon objectif, tout à fait raisonnable, est de tenir une moyenne journalière supérieure à 30 km par jour.

C’est une belle journée de marche qui s’annonce… Je longe l’océan. La cote est rocailleuse, des rochers au noir profond. Ça me prend environ 1 heure pour atteindre le port de Muroto city. Immédiatement, je suis impressionné par la hauteur des digues, certainement plus de 10m. Elles n’ont probablement pas été construites pour rien !! J’imagine tempêtes et tsunamis… Journal pèlerinage Shikoku Kongochoji

Je prends tout mon temps pour admirer ce petit port qui ressemble à une vraie forteresse. On tente de protéger les bateaux et les habitations des assauts de l’océan par deux immenses digues parallèles à la cote. Autant ces remparts semblent aussi hauts que les bateaux qui se blottissent contre eux semblent petits… Aujourd’hui l’océan est extrêmement calme, animé juste par de petits clapotis. Difficile de croire que les vagues arrivent à dépasser ces hauts murs de protection pourtant… Journal pèlerinage Shikoku Kongochoji

Il y a une photo où on voit une femme s’affairant autour de sacs poubelles…Je reviendrai sur le sujet mais je souhaite juste faire la remarque d’à quel point tout, absolument tout, est d’une propreté irréprochable ici. Aucun déchet ne traine dans les rues immaculées. Pas le moindre mégot… Le recyclage est hyper-développé. On m’a dit que les japonais n’avaient pas moins de 34 poubelles différentes pour le tri sélectif. Ils n’ont pas de poubelle personnelle à proprement parler. Ils doivent soit se rendre directement au centre de tri, soit amener leur sac de déchets spécifiques à un lieu déterminé comme ici sur la photo à fin de ramassage collectif. Pour un même objet, plusieurs déchets peuvent être distingués. Pour les bouteilles par exemple, il y a d’un coté, la bouteille proprement dite, d’un autre le bouchon et enfin l’étiquette ! 3 matériaux, 3 poubelles différentes…

Un peu en retrait du port, posé tel un phare, tout en haut d’un éperon rocheux envahi de végétation se trouve le petit temple 25 qui offre un beau panorama sur le port et les toits du village. Un long escalier droit passe sous le porche d’entrée qui, un fois n’est pas coutume, n’est pas en bois. Il héberge les deux cerbères habituels, le gong et un espace réservé qui fait office de tsuyado. On poursuis l’ascension de l’escalier, ce dernier fini après un coude et on accède au temple n°25 :

Shinshoji

Un tout petit temple et une toute petite visite… Je redescends l’escalier et rejoins les rues étroites du village. Très vite je retrouve le bord de mer. Mais après moins de 2km à longer l’océan, la route bifurque vers l’intérieur des terres. Elle passe à travers des plantations de riz puis de mandarines pour finalement rejoindre fraicheur de la forêt. Monter est vraiment facile. Je croise quelque henros souriants. Je ne suis pas le seul à apprécier la balade. Journal pèlerinage Shikoku Kongochoji

Au cœur de la forêt, tout en haut de la colline, le temple 26 :

Kongochoji

Après le rituel, je m’installe confortablement pour à la fois profiter du lieu et prendre une petite pause. La fraicheur produite par l’ombre des arbres et l’eau froide du temple facilite ma récupération quand bien même l’ascension n’était pas bien difficile. Je poursuis en descente cette ballade en forêt agrémentée de beaux panoramas de l’océan. Puis c ‘est de nouveau les cultures où les paysans commencent à récolter et faire sécher les grains de riz. Journal pèlerinage Shikoku Kongochoji

Je rejoins la côte. Le ciel commence à se couvrir. Il est attendu de la pluie pour demain. Alors, j’essaye de profiter au mieux de cette belle journée. Déjà 20km parcourus depuis ce matin. Mes pieds commencent à chauffer. Une bonne halte devient nécessaire. La mer est d’huile… Et si je prenais mon premier bain de mer japonais ? De la route, sur-élevée et protégée par un mur, je regarde le bord de l’eau à la recherche d’un spot. La berge est composée de galets et parsemée de gros récifs noir. Grace à un escalier, j’accède à la plage afin de voir plus près. L’eau est très claire, peu profonde, à mi-mollet. Ce doit être marée basse. Il me faudrait marcher trop longtemps sur les rochers glissants en direction du large pour rejoindre un niveau d’eau adéquat à la baignade. Je repousse cette idée. Je ne veux pas prendre le risque de me blesser les pieds, outils essentiels à mon aventure. Je remarque que, par endroit, il y a des trous qui font comme des sortes de baignoires naturelles : 50cm de profondeur, pas plus !! Aucun oursins ne tapissent le fond… Je suis assez loin de la route pour me déshabiller. Je m’allonge délicatement dans une eau beaucoup plus chaude que prévue. Immédiatement saisi d’un immense bien-être, je me donne totalement à la relaxation. C’est un plaisir extrême surtout pour mes pieds !!!

Tout à mon plaisir, j’ai perdu la notion du temps ! Je reprends conscience et à contre cœur, je finis par m’extirper de ma petite piscine naturelle. J’ai passé un moment de détente exceptionnel. Mon corps est tout ragaillardi. Je me rhabille soigneusement et replace mon sac sur le dos… Je n’ai pas d’autre choix que de l’aimer celui là mais il y a des moment où je m’en passerai bien !!

Cette marche est fantastique. J’hallucine à chacun de mes pas de vivre tant de beauté tout en me sentant parfaitement libre. Le contraste entre nature, cultures et urbanisation qu’offre cette ile japonaise est fascinant !! Tout est tellement parfaitement à sa place !!

L’après-midi se poursuit tranquillement. Vers 16h je rejoins Tano town. La henro house Misono se trouve un peu à l’arrière du village, au beau milieu d’un champ de riz. Ma première impression est négative : Mon hôte est au téléphone. Sans même interrompre sa conversation, elle me fait comprendre de me trouver une place pour dormir à l’étage. Il y a déjà du monde dans la pension. Sandrine ne semble pas être encore arrivée. Des futons, des habits et toutes sortes d’objets trainent un peu partout… Je trouve un futon libre dans un coin d’une des chambres. Dessus y sont posés draps, oreillers et serviettes de bain pliées. Je place mon sac à dos à coté et fais mon lit. Puis je prends la serviette et ma trousse de toilette. Je me dirige vers la salle de bain. Cette dernière est en 2 parties. D’un coté une machine à laver le linge et un lavabo avec miroir. De l’autre une douche avec tabouret bas et un mini-onsen rempli faisant face à une large baie vitrée qui donne directement sur un champ de riz… Encore une heure de pur plaisir en perspective. S’occuper à récurer et relaxer son corps avec l’équipement idéal après une journée de marche est un vrai bonheur dont je ne me lasse pas d’abuser. A la fin de mon bain je récupère mon linge propre et sec.

Je descends au rez-de-chaussée. La propriétaire est toujours au téléphone mais je prends la chance de lui commander une bière. Elle me montre le frigo et me fait signe de me servir. Décidément cette femme est bizarre… La première gorgée est extraordinaire ! Un couple d’asiatique est installé dans la salle à manger et sur le balcon ouvert sur un champ. Ils parlent bien anglais. Ce sont des taïwanais en voyage de noce qui ont juste 2 semaines pour faire le pèlerinage de Shikoku au mieux. Ils alternent les marches et tous les transports possibles pour boucler la boucle dans le temps qui leur est imparti. Je suis surpris par leur degré d’éducation et leur amabilité. Par contre ils ne semblent pas sensibles à mon humour typiquement français. Notre conversation continue tranquillement jusqu’au repas. Ils me donnent envie de visiter Taïwan. Notre hôte n’a toujours pas lâché son téléphone. Les appels s’enchainent les uns après les autres. Elle prépare à manger pour 10 personnes, le téléphone collé à l’oreille. Pourtant, quand elle finit par nous servir notre repas, c’est un pur délice. Les goûts et les saveurs sont bien présentes et variées. Le poulet grillé à la perfection, fond néanmoins dans la bouche. Le riz est divin, parfumé à souhait. Vue l’attitude de la cuisinière, je ne m’attendais pas à autant me régaler. Comme toujours il y a une dizaine de petits plats. Tout est excellent !! Sandrine arrive vers le milieu de notre souper alors que la nuit est tombée. Elle a l’air très fatiguée. Elle a eu du mal à trouver la pension.

En débarrassant la table, notre hôte, vraiment à son affaire contrairement à mon impression initiale, nous propose quelque chose de vraiment pratique pour la journée de demain : pour rejoindre le prochain temple (n°27 : Konomineji), on doit quitter le bord de l’océan et monter le versant d’une montagne sur 5km à l’intérieur des terres. Après la visite du temple il nous faudra revenir sur nos pas pour continuer notre cheminement en direction de Kochi. On passera alors devant Henrohouse Cosumo qui appartient à une de ses amies. Si nous le souhaitons, comme elle doit se rendre à Kochi faire des courses, elle peut y déposer gracieusement nos sac-à-dos !!! Wow ! La perspective d’une journée de marche allégé de 15kg est vraiment alléchante !! Cela devrait nous faciliter les 20km agrémenté des 425m de dénivelé sous la pluie ! Bien entendu Sandrine et moi acceptons avec enthousiasme. Nous décidons de réserver nos chambres (2000yens) à la Henrohouse Cosumo. La demi-pension n’étant pas proposée, il faudra prévoir nos repas. Mais bon, marcher toute une journée sans avoir à porter nos sacs compensera largement !!

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Carte Shikoku 88 temples

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