Ce matin, comme prévu, la pluie est au rendez vous alors j’ai enfilé mon beau poncho violet…Le bon coté de ce début de matinée, c’est que notre hôte a tenue parole : elle a emmené nos sac-à-dos dans sa voiture. C’est donc humide mais léger que j’entame ma marche journalière, mon bâton de pèlerin à la main. Heureusement équipé d’un mini-sac-a-dos pliable, j’ai pris l’essentiel avec moi. Tout est bien au sec sous le poncho mais je transpire vite au moindre effort. Soudain, une peu avant la fin du village, j’aperçois une boulangerie… Je prends souvent les boulangeries pour des signes du destin : une étape obligatoire où transiter d’autant que mes yeux captent vite un appétissant pain de mie… Après avoir allégé ma bourse de 723y de pain, viennoiseries et pâtisseries diverses, je reprends ma marche là où je l’avais laissée ! La pluie m’accompagne en se renforçant pendant les deux heures que durent l’ascension jusqu’au temple 27 , Konomineji. Les 450m de dénivelé positif sont difficile. Je reste sur la petite route goudronnée qui serpente pour gravir la montagne. Les marcheurs ont, par temps sec, la possibilité de couper les virages en passant par les chemins de terre à travers la foret. Mais la pente est trop raide. Les rochers glissants et la boue me dissuadent vite de prendre ces raccourcis. Quand je finis par arriver, n’ayant pu à aucun moment enlever mon poncho, je suis complètement trempé de transpiration. Mes chaussures sont gorgées d’eau. Par bonheur et comme par enchantement la pluie cesse juste au moment où j’atteins le temple 27…
Konomineji
Ce temple est un bijou étincelant au cœur de l’écrin formé par la foret émeraude . Une source jaillit au creux d’un rocher. Son filet d’eau bondit sur de petits paliers recouverts de mousse. Il est guidé vers le bassin de lavage équipé de ses cuillères à long manche et vers une jolie mare où paressent de grosses carpes Koï. Il est dit que cette eau aurait des propriétés curatives. Une femme très malade aurait été guérie après l’avoir bue sur le conseil de Kukaï lors d’un rêve. Bon, heureusement je ne suis pas malade mais je vais tout de même remplir ma gourde d’eau saine et bien fraîche…
Tout ici, plus encore qu’ailleurs, est soigneusement entretenu. Beaucoup de haies sont taillée en boules. Les arbustes sont élagués avec grand soin. Une rampe métallique peinte en rouge vif accompagne un grand escalier qui, à l’instar d’une immense flèche, guide les visiteurs vers la partie supérieure du complexe. On y rejoint le temple principal et, si on poursuit son chemin, un temple Shinto. C’est encore une preuve de l’harmonie et du respect englobant les deux religions. En montant j’aperçois Sandrine qui arrive et lui fais un petit signe de la main. Elle a l’air d’avoir bien supporté la pluie. Je ne la reverrai que bien plus tard, en arrivant à la henrohouse.
Plus loin encore, je rejoins une route forestière qui me mène à un observatoire de feux de foret. Il semble abandonné mais l’accès y est autorisé. En son sommet je découvre un large panorama à 360° : les montagnes, l’océan et les deux villages Aki City et Yasuda Town. Je profite de ma solitude pour changer mon t-shirt, ma culotte et mes chaussettes.
La descente est beaucoup plus facile que la montée. Très vite je rejoins les cultures du bord de l’océan. Je découvre les chaumes de riz qui sont suspendues à fin de séchage. Çà m’impressionne de constater à quel point les japonnais sont méticuleux ! Le soleil tente une percée quand j’arrive à la Henro house Cosumo. Je suis rassuré de bien y retrouver mon sac-à-dos. Gérée par une ancienne moine bouddhiste qui a fait plusieurs fois la boucle de Shikoku en marchant. La pension est austère et entretenue avec soin. Les chambres sont des dortoirs avec lits superposés. Garçons et filles séparés. Ici, pas de Onsen mais de simples douches à européenne. Ça me fait un peu penser à certaines pensions du chemin de Compostelle, dans le genre dortoir. Aucune perspective de bière fraiche ce soir !… Quand au repas, je me rabats sur les maigres restes de mes achats à la boulangerie ce matin… Il est encore tôt, j’ai du temps. Je m’occupe de bien laver et faire sécher mes vêtements. Je glisse du papier journal dans mes chaussures pour faciliter leur séchage…
Je prépare la journée de demain en étudiant le guide. Aujourd’hui la pluie et l’ascension de la petite montagne jusqu’au temple ont rendu fatigants les 20km de marche. Demain il me faudra faire plus de 30km pour rejoindre le temple suivant, le 28ème, à l’entrée de la ville de Kochi. Le parcourt est plus long mais semble beaucoup plus facile. Aucune montagne à gravir cette fois et la pluie ne devrait pas être au rendez-vous ! A proximité du temple 28 se trouve la Henrohouse Suisen que je décide de réserver à l’aide de mon smartphone. Sandrine m’annonce alors que demain elle va prendre le train pour rejoindre directement le centre-ville de Kochi. Elle compte y prendre un hôtel pour 2 nuits afin de se reposer tout en visitant tranquillement les 6 temples disséminés dans la ville. Son plan est intéressant mais ça ne change pas le mien. C’est vrai qu’il y a beaucoup de temples à visiter a Kochi… Je vais replonger dans l’ambiance des premières marches où chaque jour, j’en visitais plusieurs. Ça va vraiment changer le rythme car ces derniers temps c’était plutôt entre 0 et 2 par jour… Qui dit plus de temples dit moins de kilomètres mais c’est correct de faire changement.
La pension Cosumo est située sur le bord de la route, coincée entre la montagne et l’océan. Il n’y a aucune curiosité alentours alors je ne m’éternise pas et me mets très tôt au lit… Je m’endors vite mais plus tard, dans un état comateux sous ma couette j’entends arriver des pèlerins anglophones…
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