Je me réveille relativement tôt, vers 5h espérant partir en catimini… En fait c ‘est comme si j’avais donné le signal du départ ! Tout le monde, soit une bonne dizaine de pèlerins, se lève en même temps que moi ! On se retrouve donc vite à l’étroit dans la petite cuisine. Ayant fini mes provisions la veille, je pensais ne pas avoir de petit déjeuner ce matin mais c’était sans compter sur Sandrine qui m’offre une généreuse tranche de pain de mie, toastée, beurrée et garnie de confiture d’orange en guise d’adieu… Un délice !! Merci, merci…Une fois prêt au départ, je dis au revoir à Sandrine. Quand bien même nous voulons vivre cette belle expérience de pèlerinage purement de notre propre manière et à notre propre rythme, j’ai apprécié les moments passés en sa compagnie ! Nous sommes restés très respectueux et discrets sur les besoins de l’autre sans jamais nous imposer. C’est rare et appréciable. Moi, en tout cas, je l’ai beaucoup apprécié. Je lui rappelle que ce soir je serai à la henrohouse Suisen , et qu’elle n’hésite pas à m’appeler si elle rencontre un problème. Hier, j’ai fais la réservation sur internet à l’aide de mon smartphone. Ça semble un peu onéreux ; 6000y la demi-pension mais ce devrait être, avec la calligraphie du temple, les seules dépenses de la journée. Toutefois, en extra, je m’offre un bon café en boite au premier distributeur de boisson rencontré sur la route pour 130y…
L’air est bon. Le temps est au gris. C’est idéal pour la marche. Le chemin piétonnier est au sommet de la digue qui longe l’océan. Encore aujourd’hui ce dernier est très calme : juste quelques clapotis de surface mais toutes les constructions humaines indiquent que lorsque les éléments se déchainent, ce doit être avec une grande force : de gros blocs de bétons forment ou protègent de hautes digues et les abris anti-tsunamis pullulent…La route est particulièrement protégée. Elle est souvent sur-élevée en long viaducs. Après avoir traversé le village de Aki City je longe sur plusieurs kilomètres une plage de sable gris. Puis s’enchainent les petites bourgades de Akano, Wajiki et Nishibun lesquelles regroupées forment le village de Geisei. Au fur et à mesure de ma progression, je me rends compte que les montagnes laissent de plus en plus la place à de larges étendues plates que les japonnais se sont empressés de cultiver. Journal pèlerinage Shikoku jour 16
C’est vraiment un tronçon facile et très agréable à marcher. Je suis une belle piste cyclable aménagée. En permanence, j’ai l’océan comme compagnon. Le ciel couvert et l’absence de vent ainsi que le fait d’avoir tout mon temps, me permettent de vraiment apprécier ce que m’offre le chemin. Des détails qui rendent l’ordinaire, extraordinaire. Tout en m’extasiant d’un oiseau, d’un vélo, d’une barque ou une boutique d’origamis (Quiconque plie mille grues de papier verra son vœu exaucé…), je médite des pensées bouddhistes du genre : Je suis UN TOUT fait de parcelles et je ne ressens pas les parcelles… Je suis UNE PARCELLE d’un tout et je ne ressens pas le tout !
Et puis je pense à mes proches, aux gens que j’aime. Je décide d’appeler Josée. J’ai envi d’entendre le son de sa voix. Je suis en pleine conversation avec elle lorsque apparait une étrange construction parallélépipédique posée en porte-à-faux sur un promontoire faisant face à l’océan. Intrigué je me rapproche et constate qu’il s’agit d’un restaurant ! le Tawaraya Seahouse… Justement, j’ai faim !! Je consulte le menu… Les plats ont l’air bons et les prix raisonnables. L’ouverture est prévue pour 11 heure ! J’ai juste 10 minutes à attendre. On dirait que ce restaurant a été créé pour moi… Des clients arrivent mais je suis le premier à pénétrer dans l’étrange structure. Il y a deux étages. La serveuse qui m’accueille me propose le choix entre la salle du haut, version japonaise, assis par terre sur des coussins ou bien la salle du bas, à l’occidentale, assis sur des chaises. Je choisis les chaises et m’installe à une table. La vue est extraordinaire. Le temps que je revienne de ma contemplation et que je choisisse mes plats, le restaurant est complet ! Pour 1566y, je déguste un petit assortiment de Sashimis, du poulpe frit accompagné d’une salade et d’un bol de riz. Un régal !!! Journal pèlerinage Shikoku jour 16
Et cette superbe vue sur l’océan magnifie mon diner !
Après mon repas, ne pouvant m’installer pour la sieste, je poursuis ma marche. Cet arrêt m’a fait un bien fou. J’ai à la fois remédié à mon ventre creux et à mes pieds de braises…
Les habitations se font de plus en plus abondantes. Je sens que j’approche d’une ville. Je traverse un tunnel, le premier avec une voie spéciale pour les piétons et les cyclistes. C’est bien plus rassurant comme cela ! Encore une fois je remarque à quel point l’espace est utilisé au meilleur des capacités : la moindre parcelle fait état de constructions ou de cultures. Les habitations et les champs sont imbriqués les uns dans les autres rendant les routes étroites. Les voitures y sont adaptées : toutes sont petites et de forme un peu cubique. Les voitures de police ne sont pas bien impressionnantes ! Mais vue la populations de personnes âgées, les policiers ne doivent pas être bien souvent dérangés… La voie ferrée fait également son apparition preuve que je me dirige vers un centre urbain. Un petit train passe. Peut-être Sandrine est à l’intérieur… Les plages de sables gris s’enchainent, aussi magnifique les unes que les autres ! Journal pèlerinage Shikoku jour 16
Soudain je passe aux abords d’un hôtel qui est un intermédiaire entre les motels américains et les villages touristiques antillais. Est-ce un « Love-hotel » loué à l’heure comme au Mexique ? A l’entrée, un large panneau affiche une photo de chaque chambre, son prix et sa disponibilité… Oui on semble pouvoir prendre une chambre pour quelques heures seulement. Il y a des prix pour « Rest » et des prix pour « Stay »… 2 heures pour 2900y !! mais ça semble être des chambres tout ce qu’il y a de plus classiques… Au Mexique, un jour, j’ai eu besoin de prendre une douche. Louer une chambre dans ce type d’hôtel était ce qu’il y avait de moins onéreux. Par contre c’était moins cher et ils faisaient preuves de plus d’imagination… Vous pouvez vous donner une idée ici. Journal pèlerinage Shikoku jour 16
Je continue ma progression. Définitivement je suis bien dans la banlieue de Kochi. Je traverse plusieurs lotissements et les rues commencent à former des labyrinthes. Une bruine se met à tomber juste avant que je ne rejoigne le temple 28 … Journal pèlerinage Shikoku jour 16
Dainichiji
L’ambiance du temple est sereine mais ma journée a été longue de plus de 30km alors je ne tarde pas à faire le dernier petit bout pour rejoindre la pension Suisen. C’est une maison moderne assez classique. La propriétaire est absente. Je suis accueilli par un henro japonnais d’environ 70 ans. Il me conduit à ma chambre à l’étage. Ça fait plusieurs fois qu’il séjourne ici. Il n’y a que 2 chambres à deux lits à l’occidentale. Comme nous ne sommes que 2 ce soir, nous avons droit à une chambre chacun.Je m’installe puis je vais prendre ma douche en lançant une machine pour laver mes vêtements.En sortant, propre et détendu, je me rends compte que la logeuse est arrivée. Je m’empresse d’aller la saluer. C’est un adorable petit bout de femme particulièrement chaleureuse…une vraie mère pour ses invités ! Elle me comble littéralement ! Attentive à chaque détails pour que mon séjour soit parfait ! Il l’est ! Je régale du plateau repas qu’elle m’apporte dans ma chambre vers 18 heure.Profitant du confort, je prépare mon parcourt de demain où il me faudra sillonner la ville pour visiter pas moins de 5 temples. La chambre est équipée d’une télé alors je passe une bonne partie de la soirée à zapper…Avant de venir au Japon, je pensais que ce qu’on nous montrait des programmes télé d’ici était des morceaux choisis a fin de caricaturer les émissions… He bien je me trompais : ils sont bien conforme à ce qu’on nous montre… Journal pèlerinage Shikoku jour 16
Laisser un commentaire