Journal pèlerinage Shikoku

Jour 17 : Kochi

Dimanche 29 septembre 2019

Temples visités : 29, 30, 31, 32

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Dépense totale

Quand elle s’aperçoit que je suis réveillé, un peu après 6h, mon hôtesse s’empresse de m’apporter mon plateau déjeuner dans ma chambre. Ça fait vraiment beaucoup en quantité. De surcroit la variété des gouts est surprenante : Du saumon fumé au yaourt en passant par les œufs brouillés au bacon et toute une multitude de fruits, de légumes, d’algues aux saveurs plus étranges les unes que les autres ! C’est très particulier ! Un vrai exploit pour commencer la journée : tous mes sens sont exacerbés et je me sens rempli d’énergie ! Je m’applique à faire honneur à tous ces plats en ne laissant que quelques grains de riz au fond du bol. Cette femme est vraiment aux petits soins de chacun de ses visiteurs, chaleureuse et généreuse à la fois. Journal pèlerinage Shikoku Kochi

Avant de partir, elle m’offre un lunch à emporter et après un ultime hochement de tête, nous prenons congés. Merci merci…

Me voila de nouveau sur la route, le sac sur le dos, une casquette vissée sur la tête et mon bâton de pèlerin à la main ! Il fait beau. L’air du matin est bien frais. Le chemin m’entraine en direction opposée à l’océan, droit vers l’intérieur des terres. Comme je l’ai vu sur la carte, on contourne la ville de Kochi par le nord. Pendant près de 9km sans aucun relief, s’enchainent pèle mêle les lotissements, les zones commerciales, les canaux, les champs de riz et surtout des cultures horticoles diverses… Kochi bénéficiant d’un climat idéal pour faire pousser des légumes, je vois beaucoup de serres qui hébergent tomates, concombres, aubergines et piments vert. Comme un documentaire en temps réel, je profite de chaque scène, chaque décors que je traverse : Là, un pêcheur au milieu de la rivière, ici, un jardin paysagé où les arbres sont soigneusement élagués…. Finalement, après 2 bonnes heures de marche, j’atteins le premier des 4 temples de la journée : Kokubunji, le temple n°29. Ici, on se doit de réciter les prières un nombres de fois équivalent à son age afin d’attirer la bonne fortune… J’ai 57 ans. Il y a au moins 5 prières/chant d’au moins 1 min pour les 2 temples principaux sans compter les petites chapelle annexes… soit 2 (temples)x5(prieres)x57(ans)=570 min soit 9 heures et 30 minutes !! Bon… je vais me suffire de ma « bonne fortune » actuelle ! J’entre par l’arrière, accueilli par une belle allée de grands conifères. La végétation est particulièrement dense et bien entretenues mais ce que j’aime le plus est le porche d’entrée que je découvre en partant : de stature imposante, son ouverture offre une vue sur une petite route goudronnée encadrée de maisons basses qui s’en va cheminer vers des rizières. Journal pèlerinage Shikoku Kochi

Ensuite pendant 7km en direction de l’ouest, le relief change, devient plus accidenté, prend un peu de hauteur. Je gravis quelques collines en admirant au passage certains quartiers de Kochi. C’est au pied de l’une d’entre elles qu’est niché le temple n°30, Zenrakuji. Accolé à lui se trouve un grand temple Shinto : Tosa Jina dont l’entrée est composée d’un immense Torii en bois naturel devant lequel je prends fièrement une pose, pas vraiment naturelle… Ce temple m’intéresse plus que son voisin. C’est le premier temple Shinto où règne une certaine activité. D’habitude désert, là, il y a du personnel d’entretien. Et puis je vois aussi tout un groupe d’hommes en train de prier devant le temple principal, tous habillés de la même façon : chemise blanche et pantalon noir. Il y a aussi les offrandes de gros ballots de riz empilés par groupe de 3… L’ambiance est spéciale. Je ressens vraiment une différence d’avec les temples bouddhistes ! Journal pèlerinage Shikoku Kochi

En sortant, la route prend la direction du sud, direct vers le cœur de la ville de Kochi. Pendant un peu plus de 6km, je traverse multitude de canaux et la rivière Kokubu qui délimitent différents quartiers. Manifestement c’est marée basse : les barques reposent au sol. Je découvre les rames de tramways. Elles courent d’un quartier résidentiel à un autre. La dernière partie se fait sur les quais qui longent la rivière Kokubu. Tout au bout il y a une grosse colline boisée. Elle héberge le jardin botanique de Kochi et au sommet, à 120m. d’altitudes, le temple n°31, Chikurinji. Les allées et les escaliers qui y mènent sont larges et bordés de grands arbres feuillus. Le sol est couvert de mousses. C’est magnifiquement enchanteur ! De courtes allées transversales conduisent , telles des chapelles dans nos églises, à de petits temples Shinto. Tout en haut, le visiteur est accueilli par une imposante pagode à 5 étages entourée de petits bassins et d’une multitude de statues dont certaines sont affublées d’un bonnet et d’une camisole rouge vif. L’ambiance est captivante. On est envahi par un sentiment de paix. On a envi de s’assoir pour contempler le spectacle des arbres en train de pousser ! Journal pèlerinage Shikoku Kochi

Je redescends par le coté opposé de la colline pour longer de nouveau un canal, marcher un peu plus de 6km et rejoindre le temple n°32, Zenjibuji niché à près de 90m au sommet d’un petit piton boisé de bord de mer. Ce temple a été initialement érigé pour protéger marins et pêcheurs. Assez modeste, il offre néanmoins une multitudes de petites statues et de beaux panoramas sur l’océan. Je suis probablement le dernier pèlerin à qui le moine appose une calligraphie sur son nokyocho aujourd’hui. Il est 17h et il est temps que je pense à déterminer où je vais dormir ce soir. Il y a bien un abri avec des larges bancs juste en face de la sortie du temple. On dirait que c’est considéré comme un tsuyado mais il est déjà investis par un couple d’occidentaux. Je n’ai vraiment pas envie de socialiser… Pendant que le personnel ferme le temple, je compulse mon guide. Je vois qu’à environ 6km se trouve un camping qui semble accolé à un petit parc. Vu l’heure, je pense pouvoir l’atteindre juste avant la nuit si je me presse un peu ! Avec un peu de chance j’aurais un beau petit coin d’herbe à l’ombre d’un vieil arbre… Journal pèlerinage Shikoku Kochi

Décidé tout autant que motivé, me voilà parti d’un bon pas ! Je ne ressens pas vraiment les 30km que j’ai déjà effectués depuis ce matin. J’ai pourtant coutume de dire que chaque kilomètre après le trentième compte double… Journal pèlerinage Shikoku Kochi

Très vite je rejoins une sorte de piste cyclable qui longe l’océan. Encadrée de serres horticoles et protégée de l’océan par une haute digue, cette petite allée est parfaitement rectiligne. Journal pèlerinage Shikoku Kochi

Après quelques kilomètres une petite voiture rouge me dépasse et s’arrête brusquement. Une dame âgée et un jeune homme en sortent et m’interpellent en japonais. Ils sont aimables et souriants. Je ne comprends rien à leurs paroles mais ils semblent me proposer de me prendre en stop… Dans un premier temps j’essaye de leur expliquer que c’est gentil mais je n’ai pas besoin d’eux, que j’ai une tente que j’espère planter dans le parc un peu plus loin… Ils insistent et se mettent à faire tout un tas de gestes en indiquant mon sac-à-dos et le coffre de la voiture… Je ne sais pourquoi mais je m’enlève le sac du dos et le donne au jeune homme qui le place dans le coffre. Puis on m’incline à monter dans la voiture en me désignant le porte arrière. Pour la deuxième fois depuis le commencement de mon périple me voilà dans une voiture. Le jeune homme parle un peu anglais. Le temps que je me présente, on dépasse le camping et le petit parc que j’avais sélectionné pour la nuit. La voiture s’engage sur une voie rapide en direction d’un grand pont. C’est le pont Urado qui monte assez haut pour laisser passer toutes sortes de gros bateaux dans la baie qui porte le même nom.. Puis après quelques tours et détours on arrive dans un lotissement aux maisons biens en rangées. La voiture s’arrête devant une petite maison toute simple. On me fait comprendre qu’il me faut débarquer. Immédiatement, à l’aide de mon smartphone, je repère que je ne suis qu’à 1km du temple n°33… Super ! Le jeune homme sort mon sac du coffre, le pose à mes pieds, me salue, rembarque dans la voiture et s’en va. Je me retrouve seul avec la vieille dame… Laquelle me fait signe de la suivre et entre dans la maison. Je crois comprendre alors qu’elle m’invite à passer la nuit chez elle. On entre par le sous sol et on est accueilli par un petit chien aussi vieux que laid dans une vaste pièce sans fenêtre. Heïko, c’est comme ça que la dame se prénomme, me fais signe de déposer mon sac dans un coin de la pièce. Puis elle m’enjoint de la suivre à l’étage. J’y trouve une petite kitchenette à laquelle une table est accolée. Il y a aussi 2 petites alcôves. Dans l’une il y a un lit simple à l’occidentale et dans l’autre une chaise. Tant en bas qu’en haut règne une gros bordel. Toutes sortes d’objets trainent un peu partout. Le ménage ne semble pas avoir été fait depuis longtemps ! Heïko me montre la salle de bain où se trouve une douche à l’occidentale. Je comprends le message et redescends en bas chercher mes affaires de toilette et des habits propres dans mon sac. Quand je sors de la douche Heïko m’invite à la table pour partager son repas composé d’un unique plat de nouille, un ramen, qu’elle vient juste de réchauffer au micro-onde…On essaye de communiquer tout en mangeant. Je comprends qu’elle a 75 ans et travaillait dans la mode… Elle a une attitude un peu étrange que je juge ambigüe dans le genre coquine, fo-folle mais je joue à l’innocent ! Je fais ami-ami, gentiment. Je prends quelques photos tout en me disant quand même que cette femme est tout autant généreuse que courageuse : Inviter un parfait inconnu étranger de mon gabarit à passer une nuit seule avec elle, chez elle… Pas certain que beaucoup de femmes le ferait. Très vite une fois notre repas terminé, elle me fais comprendre de descendre au sous-sol avec elle. Elle me montre un futon et des draps dans un placard. Ce sera mon lit pour la nuit, à moi de l’installer où je le souhaite dans la pièce. J’obtempère tout en la voyant procéder de même de son cote ! Une fois son futon installé, sans aucune autre cérémonie, pas de lavage de dents ou de visage, elle se déshabille sommairement et se glisse sous ses draps. Son chien qui semblait vouloir établir une étroite relation avec moi, me délaisse tout à coup pour s’allonger contre sa maitresse. Je trouve que la situation est pour le moins cocasse mais fais comme si de rien n’était. Moi aussi je me glisse sous les draps et tente de me relaxer. Après un petit moment, me voyant inerte et n’ayant rien d’autre à faire pour cette journée Heïko éteins la lumière. Exténué par ma journée, je prends ça comme un signal et je m’endors instantanément ! Journal pèlerinage Shikoku Kochi

Au milieu de la nuit, je me réveille. Je suis en nage, je ruisselle de transpiration : la chaleur est étouffante !! Je termine ma nuit très désagréablement… Journal pèlerinage Shikoku Kochi

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Carte Shikoku 88 temples

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