Voilà, aujourd’hui est encore un nouveau départ. J’ai fini la boucle initiale du pèlerinage, à savoir, la vallée de Tokushima. Il est temps de faire un petit tour d’horizon et des correctifs si nécessaire : Cela m’aura pris 5 jours et 113km de marche. Ça a été une très bonne mise en jambe. J’ai pu estimer mes capacités physiques face au relief et aux conditions climatiques. J’ai pu évaluer mon équipement, le poids de mon sac-à-dos, mes chaussures mes habits… J’ai également un bon aperçu de ce qu’est ce pèlerinage, les temples, les pèlerins et le Japon en général. Dans l’ensemble je suis très satisfait tant de mes choix que de l’expérience vécue. Je vis ce que je suis venu chercher dans les conditions que j’ai choisies. Même si ce n’est pas facile physiquement parce que mon corps n’est pas au top de sa forme, je sens qu’à terme je serais capable de tout affronter sans grosses souffrances. Intellectuellement, je me sens un peu isolé du fait de la langue et par le fait du manque de marcheurs occidentaux mais je considère que c’est plutôt un point positif : je n’ai pas vraiment le goût de socialiser : ouvert à la découverte des japonnais et de leur langue, je n’ai vraiment pas l’envie de parler à qui que ce soit. J’ai juste envie d’être dans ma bulle… Je suis chanceux, pour le moment tout se passe très bien et je m’estime être sur la bonne voie pour vivre pleinement la suite.

Le point le plus négatif est le poids et l’encombrement de mon sac-à-dos. Vu que le pèlerinage se terminera à Tokushima, j’ai le loisir de m’alléger en me défaisant de quelques affaires que je pourrais déposer à l’hôtel où je suis et les récupérer à la fin de ma marche. Mais je décide de poursuivre tel quel : hors de question de laisser mon équipement de camping (tente etc…) qui allègerait pour moitié mon sac mais qui me priverait de la liberté de m’arrêter ou je veux quand je veux sans avoir à subir un horaire pour rejoindre un hôtel, quand bien même je n’ai pas encore eu le loisir de l’utiliser… L’interprétation que j’ai de la carte m’incite à penser que ça va bientôt être le cas. De toutes façons, même si ça semble ambitieux, je souhaite que mon corps s’adapte à mon sac et non le contraire

Il est 7h passé lorsque je sors dans la rue mon enclume sur le dos. On est mercredi matin et je suis étonné de voir à quel point les rues sont vide : Juste quelques passants ou des écoliers à vélo mais aucune voiture ne circule. Après une petite heure de marche à travers la ville je rejoins le Starbucks que j’ai programmé sur mon GPS. J’ai une grosse envie d’expresso, de relaxer confortablement et de tchatter en vidéo avec Josée…Shikoku Japon pèlerinage 6ème jour Shikoku Japon pèlerinage 6ème jour

Shikoku Japon pèlerinage 6ème jour

Je me sens bien pour reprendre la marche. A l’inverse de la veille, petit à petit, la ville laisse la place à la campagne. Vers 11h j’arrive au temple 18 : Onzanji

Temple 18 : Ozanji

Je suis content de retrouver l’ambiance d’un temple. Celui ci est petit et agréable. Je me déchausse et m’installe à l’ombre d’un gros arbre. Je profite de la fraicheur relative pour prendre le temps d’ écrire un peu sur mon carnet.Shikoku Japon pèlerinage 6ème jour

Juste 4 km plus loin soit une petite heure et c’est Tatsueji, le temple 19Shikoku Japon pèlerinage 6ème jour

Temple 19 : Tatsueji

Comme ce matin en ville, il y a très peu de henro et de gens en général, que ce soit dans ces deux derniers temples ou sur la route de campagne sur laquelle je chemine. Quand j’en vois, ce sont principalement des personnes âgées, silencieuses et se mouvant comme au ralenti. Cela m’étonne et amplifie le sentiment de vivre quelque chose d’exceptionnel. Comme si le monde, ce monde, ce Japon du bout du monde m’était offert à moi, exclusivement. Je suis comme à l’intérieur d’une carte postale en 3D , que seul le souffle du vent anime et que le soleil réchauffe. Les routes étroites, les petites voitures cubiques, les maisons bordant les rizières, les rivières, tout semble à sa place. Comme unique spectateur je traverse des villages, la campagne, des champs, des forets, des montagnes imbriqués les un aux autres tel un labyrinthe merveilleux. Me vient à l’esprit “le voyage de Chihiro” et j ai le sentiment d’y être, de vivre cette non-réalité.Shikoku Japon pèlerinage 6ème jour

Je continue d’avancer, un pas après l’autre et la journée suis inexorablement sont cours. J’ai faim ! je regarde sur mon GPS et lance une recherche sur les restaurants alentours. J’approche du village de Katsuura et un restaurant à proximité semble bien coté et ouvert… J’y arrive assez rapidement. Le décors intérieur est chaleureux, tout en bois avec de grandes baies vitrées. Je passe commande et suis servi très rapidement étant donné que je suis le seul client. L’assiette est belle mais le goût n’est pas au rendez-vous. Je recharge les batteries de mon téléphone et les miennes aussi. Enfin, je reprends la route. Le temps de mon repas, le ciel s’est couvert. Je marche 2 petits km et regarde ma montre : 17h… Il est temps que je me trouve une place où dormir. Sur mon guide je repère un abri pour henros nommé Hinanosato… mais c est juste un abri bus au bord de la route. Des bâtiments commerciaux sont un peu en retrait. J’entre chez le coiffeur et ni une ni deux je demande, à l’aide du traducteur Google, à la jeune fille qui travaille là si elle connait une place où je pourrais placer ma tente. Joviale, elle me fait signe de la suivre à l’arrière de la boutique et me désigne le balcon… ok va pour le balcon !

Légende des marqueurs :

• = 88 temples
• = 20 temples supplémentaires
• = étape
• = étape en temple