Journal pèlerinage Shikoku

Jour 7

Jeudi 19 septembre 2019

Temples visités : 20, 3bis

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Dépense totale

Ho quel matin douloureux !!! Dormir cette première nuit sous la tente à même le plancher en bois du balcon n’a pas été agréable du tout !! J’ai tourné et retourné sur moi-même toute la nuit. Aucune position n’était confortable très longtemps. La douleur, tantôt au niveau des hanches, tantôt à la poitrine, tantôt dans le dos suivant la position que je prenais, la douleur donc, me réveillait régulièrement. Alors, je me suis levé aux aurores avec le sentiment de ne pas avoir dormi du tout. J’ai plié la tente, refais mon sac-à-dos et je me suis mis en chemin. En partant j’ai vu qu’un henro avait dormi à même le banc de l’abri bus. Tout habillé et en position fœtale, sa tête reposait sur son sac. Son baton et son chapeau pointu soigneusement posés à coté de lui. Sa nuit a du être encore moins confortable que la mienne…Shikoku Japon pèlerinage 7ème jour

Un petit café chaud pris au distributeur me remet les idées en place. Vive les machines automatiques !! Ha mais mon guide me dit qu’il y a un magasin Family-Prix vraiment pas loin. Ces chaines de magasins Family-Prix, 7-Eleven et Lawson sont des alliés importants du henro-marcheur. Il y en a énormément tout au long du parcourt. La plupart des villages en accueille un. C est un peu l’équivalent du Dépanneur ou de la boutique d’une station service au Quebec mais en plus propre et en plus moderne. On y trouve tous les produits de base de la vie de tous les jours, pour se restaurer entre autre. Il y a des boissons chaudes et froides, des plats préparés à consommer sur place ou à emporter, quelques fruits et légumes genre pommes ou bananes. On y trouve une connexion wifi gratuite et des prises de courant même à l’extérieur pour recharger son téléphone portable. Bref c’est un lieu important pour celui qui entreprend de marcher Shikoku. Quand bien même je privilégie les autres commerces qui proposent des produits locaux plus typiques, moins industriels pour me ravitailler, je serai régulièrement amené à me fournir auprès de ces chaines car étant souvent dans une situation sans autre alternative.Shikoku Japon pèlerinage 7ème jour

J’achète pour 724 yens de nourriture ; une banane, un yaourt, des céréales etc… de quoi me faire un petit déjeuner conséquent mais aussi un en-cas pour midi. Après m’être restauré je ressens moins les douleurs de la nuit passée et je reprends la marche. Je traverse le village qui longe une petite rivière. Je croise des écoliers à pieds et à vélo. Petit à petit les maisons se font plus rare…. Shikoku Japon pèlerinage 7ème jour

Un nouveau tunnel, le Shin-sakamoto, un peu plus long, 640m , un peu plus angoissant que le précédent : il y a bien une petite bordure piétonnière de chaque coté mais elle est loin de me rassurer. Je serre les fesses et allonge ma foulée. J’ai aussi sorti et allumé ma lampe de poche frontale pour me signaler aux voitures. C’est un vrai soulagement que de déboucher enfin à l’air libre ! Shikoku Japon pèlerinage 7ème jour

 

Une centaine de mètres après le sortie du tunnel je prends un petit chemin bétonné qui monte vers la montagne. Plus loin je rentre dans la forêt. Çà monte c’est étroit mais c’est bien tracé et ombragé. Après une bonne heure d’ascension j’arrive un peu avant 11h à Jigengi le bekkaku numéro 3 Shikoku Japon pèlerinage 7ème jour

Bekkaku 3 : Jigenji

Un bel arbre trône au cœur du temple près de la balustrade qui offre une vue magnifique sur la vallée. Après m’être lavé mains et bouche, je choisis une place sous l’arbre face à la vue. Je me déchausse et sors mon calepin. Mes pieds sont heureux de sentir un petit souffle de vent sec et frais.

Je prends tout mon temps pour me reposer et apprécier ce qui m’entoure : les temples, les statues, la nature, cet arbre, la vue…. J’essaye d’imaginer comment toutes ses choses ont pris leur place au fil du temps. Et puis mes pensées dérivent sur la nuit précédente sous la tente… C’est vrai que ça n’a pas été confortable et que je n ai pas pu faire profiter mon corps d’une douche régénératrice mais en contre-partie j’ai reçu la liberté de vivre pleinement mon propre rythme. Pas d’obligation ni de stress liés à l’obligation d’arriver avant une certaine heure à l’hôtel. Ce besoin de liberté totale est très puissant en moi. Il engendre une énergie positive qui accentue le coté exceptionnel de vivre cette expérience de marche au long-court. Je me trouve chanceux que mon corps et mon esprit soient en parfaite santé et me permettent d’apprécier à leur juste valeur toutes les émotions relatives à ce qui m’entoure Quand bien même je découvre les choses extraordinaires qui forment le Japon et la marche du pèlerinage des 88 temples, c’est avant tout une exploration de moi-même que je réalise : Ce que mon corps et mon esprit aime ou n’aime pas dans toutes ces expériences nouvelles. Je suis un explorateur et je vis la découverte du monde, de mon corps, de mon esprit… Je vis l’opposé de la routine, laquelle peut avoir du bon parfois mais qui, à mon sens, est abominable si c ‘est sur une trop longue période. Je me sens vivant !Shikoku Japon pèlerinage 7ème jour

Après m’être restauré tant du corps que de l’esprit, il est temps de partir, de redescendre dans la vallée afin de rejoindre l’étape suivante sans véritablement savoir où celle-ci se trouve… Je fais le cheminement en sens inverse : traverser la forêt, rejoindre le chemin en béton et déboucher dans les champs. Je prends plaisir à regarder la préparation des chaumes des rizières. Je reviens au village traversé ce matin. Juste avant de bifurquer et de prendre le pont qui enjambe la rivière et où débute le chemin pour rejoindre le temple 20, Kakurin-ji, il y a une petite boutique qui propose des sushis à emporter. Hum, c’est une belle perspective pour mon souper… Après mes achats la propriétaire insiste pour que nous fassions un selfie.Shikoku Japon pèlerinage 7ème jour

 

Après ce petit intermède, je suis rapidement conduit à prendre un chemin qui monte raide à travers la forêt vers le sommet d’une montagne. Mon guide indique que je vais monter 500m de dénivelé sur une distance de 2km seulement. Ça ne rigole pas avec la pente et mon sac prend toute sa lourdeur. Le chemin est étroit mais bien tracé. Il est jalonné de petits poteaux où sont fixés des petites plaques de plastique jaune. Je comprends que le chiffre inscrit dessus indique la distance qu il reste à parcourir. Il y en a tous les 50m. Très vite, je perds mon souffle. Çà monte tellement raide par endroit que je n’arrive pas joindre deux poteaux. Je compte mes pas… Je transpire à grosse gouttes. Je saisis la moindre occasion pour m’arrêter et reprendre mon souffle. Boire, prendre une photo, mais le chemin est pauvre en intérêt : Il ne m’offre qu’une seule fois le panorama de la vallée, pas de statue de bouddha, pas de petits temples pour me divertir… Un pas, deux pas, trois… des fois je n atteins pas 10 pas !!! c est un vrai calvaire ! Je dépose régulièrement mon sac sur le sol, mon t-shirt est trempé. Ce chemin est bien entretenu mais semble très peu fréquenté. Je chasse les idées de serpents venimeux qui me viennent à l’esprit. Et si il m’arrivait quelque chose de fâcheux, arriverais-je à m’en sortir seul ? Je suis très isolé ici… Très lentement les petites plaques de plastiques s’engrainent. Les nombres diminuent petit à petit, 1500, 1000, 750… et ils finissent par me donner du courage pour continuer d’avancer.. Je touche au but.Shikoku Japon pèlerinage 7ème jour

Je discerne une construction au bout d’une ultime ligne droite. C’est la porte du temple, enfin !!!Shikoku Japon pèlerinage 7ème jour

Temple 20 : Kakurinji

C’est un vieux temple tout en bois en train d’être restauré. Deux statues de grue encadrent le temple principal. Cela indique au visiteur que Kukai est venu ici en l’an 798. Il aurait trouvé une statue de Jizo Bosatsu protégé par les ailes d’un couple de grues… Il a fait ériger ce temple en leur honneur. Hum… 17h, Il se fait tard… Je regarde mon guide. Il n’y a aucun village alentour mais il semble y avoir 3 abris pour henro dans la vallée en contre-bas. D’après la carte je dois descendre de cette montagne, rejoindre une rivière au fond de la vallée puis remonter un autre dénivelé de 500m pour atteindre le temple 21. Vu l’heure tardive, je ne pourrai rejoindre le prochain temple que demain. Pour l’heure je dois me trouver un endroit pour bivouaquer.

Au début de la descente je tombe sur un petit temple Shinto. J’hésite à installer ma tente en ses abords. L’endroit, sous le couvert de la forêt est sombre et humide. Des esprits vont peut-être venir me chatouiller les pieds pendant la nuit ? Je poursuis la descente en direction de la vallée…Shikoku Japon pèlerinage 7ème jour

Finalement, plutôt que les abris pour henros indiqués dans le guide, j’opte pour une école abandonnée pour faire mon bivouac et installer ma tente. La nuit tombe et c’est dans le noir que je déguste les sushis achetés plus tôt. Quel Délice !!! Repus, je m’installe au fond de mon duvet et m’endors rapidement. La dureté du sol et la fraicheur abrègent mon sommeil. C’est la transpiration séchée sur mon corps qui m’empêche de bien me réchauffer. En faisant le tour de l’école avant de planter la tente, j’ai repéré un robinet d’eau froide en état de fonctionnement. Ni une ni deux, il est 2h du matin, je me déshabille et utilise l’eau du robinet pour me nettoyer complètement à l’aide d’un savon et d’une petite serviette éponge. C’est froid mais une fois terminé je me sens revigoré. Être propre fait beaucoup de bien non seulement au corps mais également a l’esprit. Apaisé, je retrouve le confort de ma tente et me rendors rapidement.Shikoku Japon pèlerinage 7ème jour

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Carte Shikoku 88 temples

Légende des marqueurs :

  • = 88 temples
  • = 20 temples supplémentaires
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