Journal pèlerinage Shikoku

Jour 19 : Daizenji

mardi 1er octobre 2019

Temples visités : 5bis

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Dépense totale

Mauvaise humeur ! L’humidité a perturbé mon repos. Mon sommeil a été plusieurs fois interrompu par un froid poisseux particulièrement pénétrant. Quand bien même, à mon réveil, j’ai placé mes vêtements à l’intérieur de mon sac de couchage à fin de les réchauffer, ils restent vraiment désagréables à enfiler. Le soleil n’est pas encore levé lorsque je m’extirpe de la tente. Écrasé par un plafond de nuages gris, il n’y a pas de vent mais l’air est moite comme un marin en méditerranée. Laborieusement je range mes affaires dans mon sac-à-dos. Je finis par placer les sangles sur mes épaules. D’abord la sensation d’être tiré en bas par l’arrière tellement le poids est imposant ! Et puis, comme par enchantement, cela se stabilise pour trouver un certain équilibre. Reste le sentiment qu’il me semble très difficile de lever une jambe pour faire un pas. Je me penche en avant pour mieux positionner mon centre de gravité et me voilà lancé !…Journal pèlerinage Shikoku Daizenji

Je décide de rebrousser chemin, de ne pas prendre le chemin qui longe l’océan. Sur la carte c’est indiqué comme étant « hilly »(ça monte et ça descend comme des collines) et sans possibilité de nourriture ou d’eau pendant plus de 15km. Le douloureux souvenir de ce genre de trajet lors de mon 9ème jour est encore très présent dans ma tête. Et puis, hier, après la visite du temple 36, je me suis engagé sur cette route et elle ne m’a pas semblé intéressante car jamais je n’ai pu avoir une vue dégagée sur l’océan. Je prends donc la direction du pont Usa-Ohachi.

Après quelques centaines de mètres, je trouve un coin qui aurait été idéal pour camper. Un auvent abrité avec table et banc de pique-nique, de l’herbe bien grasse tout autour. C’est ce qu’on fait Gabriel et son amie, des belges, que je salue amicalement en passant. Ils font le pèlerinage de Shikoku à vélo. Quelle bonne idée !!

Une fois passé le pont Usa-Ohachi, je prends la route sur ma gauche. Construite coincée entre la montagne et l’eau, elle est souvent posée sur pilotis. Par deux fois je dois même traverser de courts tunnels. Les rares espaces dégagés sont occupés par des cultures sous serres. Mais c’est tout de mème la pêche qui semble être l’activité principale. Tant sur les légumes que sur les poissons, une forte attention semble être portée de manière à préserver la meilleure qualité possible.Journal pèlerinage Shikoku Daizenji

Après plusieurs heures de marche le long de cette mini-mer intérieure encadrée de montagnes, je découvre des toilettes placées au bord de la route. Étonnement il y a toute un série de douches sur un cote à l’extérieur du bâtiment. Je teste un des robinets et miracle, l’eau jaillit !!! Bien entendu, Je saute sur l’occasion d’un bon lavage. C’est vraiment impératif après une nuit passée sous tente…. Allez! Tout nu ! De toutes façons il n’y a personne à l’horizon et une propreté en profondeur vaut mieux que mille maux…! et que frotte le savon…!Journal pèlerinage Shikoku Daizenji

La douche, bien que fraîche, a eu un effet extraordinaire sur mon corps. J’ai la sensation d’avoir remis les compteurs à zéro, prêt à marcher jusqu’au bout du monde… Les scènes de bord de mer de la vie quotidienne japonaise s’enchainent. Je passe aussi devant une aire de repos spéciale pour henro !!! Je me sens bien et j’adore ce que je vis. Je totalise 22km depuis mon départ ce matin lorsque j’arrive à Susaki city qui abrite le Bekkaku n°5 :

Daizenji

Daizenji a été construit sur des énormes rochers qui bordent la plage afin de le surélever. Les pèlerins profitent ainsi d’une relative sécurité lors des multiples désastres provoqués par l’océan. Il y a même un petit funiculaire pour y accéder. Pendant tout le temps de ma visite je reste absolument seul à part un macaque peu sympathique qui semble revendiquer ce temple comme étant son royaume personnel. J’ai beau tenter de faire ami-ami avec lui, le sacripant ne succombe pas à mes efforts pour le séduire…Journal pèlerinage Shikoku Daizenji

Dépité je quitte le temple sans même avoir rencontré un responsable ni moine, ni calligraphe !! Je redescends au niveau du village. A peine arrivé, j’ai la chance de tout de suite repérer une prise de courant à l’extérieur d’un bâtiment industriel. Mon smartphone n’ayant que très peu de batterie encore disponible, je le mets en charge et m’octroie une pause. Il est 17h déjà. je ne dois plus trainer si je veux trouver un bon spot pour la tente avant la nuit. Je compulse le guide… rien d’évident à part cette petite route qui longe l’océan à quelques 6km d’ici…Journal pèlerinage Shikoku Daizenji

Alors, quand bien même mon cellulaire n’est chargé qu’à 74%, je reprends la marche d’un bon pas. Le ciel est très gris. La luminosité tombe vite. Pendant environ 1h, je suis la route principale. Je passe un tunnel de 420m de long et lorsque j’en débouche, il ne fait vraiment plus très clair. Il est urgent que je pose le camps pour la nuit. 1km plus loin, j’arrive enfin à l’embranchement de la petite route que j’ai repérée dans mon guide, celle qui longe l’océan. Il y a une barrière : route barrée…!! Je décide malgré tout d’y pénétrer obsédé par la nécessité de trouver un spot où me poser. Très vite la petite route se transforme en étroite corniche. Par endroit, elle est construite sur des pilotis de bétons au dessus de l’eau. Je constate des éboulements…de plus en plus nombreux et importants. Je trouve une toute petite avancée sur l’océan plate et herbeuse dans un virage serré. Cela me semble parfait pour installer la tente. Par acquis de conscience, je continue un peu pour voir si je trouve mieux mais une centaine de mètres plus avant il y a une sorte de demi-tunnel qui me semble très long. Le temps presse, je rebrousse chemin et m’installe sur le surplomb vu précédemment. Tant sur la route que sur le dégagement choisi, il y a des éclats de pierre de toutes taille issues de probable éboulement !!! Mais bon, je n’ai pas vraiment le choix. Je tente de m’éloigner le plus possible de la falaise. Il n’y a pratiquement plus de luminosité et il n’y a pas de lune. Je monte ma tente à tâton. Heureusement que tout est rendu ultra simple pour mettre en place ce genre de matériel. Lorsque je finis par me glisser à l’intérieur, il fait totalement noir, un noir d’encre… Une fois confortablement installé dans mon duvet, je grignote mes très petites réserves au son des vagues qui se brisent sur les rochers en contre-bas. Je m’endors très rapidement dans la foulée…Journal pèlerinage Shikoku Daizenji

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Carte Shikoku 88 temples

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